Société de consommation

Une approche innocente, en apparence...






Dès le Berceau ?


Miroir, mon beau miroir...
Enfants, nous sommes plongés dans des contes où les héroïnes nous éblouissent par leur beauté incomparable. Ainsi, la belle-mère de Blanche Neige veut la tuer pour demeurer la plus belle d'entre toutes. Ou encore Peau-d’Âne qui se voit forcer d’épouser son propre père car celui ci ne trouve aucune autre jeune fille égalant la beauté de sa femme défunte. Qui dit belle princesse, dit obligatoirement beau Prince. Dans le conte de la Belle et la Bête, le contraste physique des deux protagonistes les séparent. « Hélas, dit Belle, c'est bien dommage que la bête soit si laide, elle est si bonne. ». Ici la Belle, remarquable pour sa beauté qui lui a valu son nom, ne peut malgré sa gentillesse et sa compassion légendaire épouser la Bête à cause de sa laideur. Cette vision de la beauté, bien qu'imaginaire, nous apprend qu'il y a une distinction entre beau et laid, inculquée dès le plus jeune âge. Dans les contes une jeune fille de condition modeste mais d'une immense beauté est souvent sortie de la misère grâce à elle. Cependant, on nous parle très peu (voire pas du tout !) d'une histoire qui finit bien avec une héroïne ou un héros qui dispose d'un physique disgracieux.


Barbie girl
« Qu'est ce que c'est ? » répond Margot, 6 ans, en riant quand on lui demande ce qu'elle pense de la beauté. Pourtant, comptant parmi les premières cibles des acteurs de la société de consommation qui cherche à former ses futurs clients, les enfants sont influencés à leur insu au travers de leurs occupations quotidiennes : contes, jouets, dessins animés … Les barbies, Ken ou autres poupées très en vogue montrent une vision idéalisée de l'apparence attendue, et c'est à travers ces êtres factices que les enfants s'inventent des histoires et construisent leur avenir. En grandissant, une taille fine, des seins imposants, et un visage chaleureux deviennent les attributs de l'idéal féminin tandis que l'on attend un corps musclé et viril de la part d'un homme.


Ma bimbo
 un site internet presque autant utilisé par les filles que par les garçons, permet de faire vivre un avatar qu'il faut nourrir, mais aussi habiller, coiffer ... On peut même « refaire » son personnage à l'aide de la chirurgie esthétique. Ce monde fictif dans lequel sont plongés les joueurs, malgré son apparence gentillette, les réduit à une non-acceptation du naturel.


Les sims
 jeu vidéo très connu permet de « fabriquer » des personnages en construisant leur vie mais avant tout leur corps, leur coiffure, et leurs vêtements.


People or not people ?


Ces modèles de perfection ne sont pas toujours irréels. On les retrouves parmi nous notamment dans le cinéma : Ava Garner, Elizabeth Taylor ou encore Maryline Monroe … ainsi que bien des hommes : Cary Grant, Gerard Philippe, James Dean ... le choix est large parmi ces noms synonymes de beauté.
« Le nez de Cléopâtre, s'il eût été plus court, toute la face de la terre aurait changé » déclare Blaise Pascal, philosophe du 17eme.
Le monde de la presse qu'on dit pourtant menacé triomphe avec les magazine people, parlant des « stars »,de la mode, des produits cosmétiques ... Les médias paraissent choisir pour nous les représentants de la beauté, sur qui nous avons le devoir de prendre exemple. Cette dictature de la beauté ne se fait pas seulement à travers les magazines, mais aussi à travers les publicités, les livres, les films...


Beau ou laid ? Moi et l'autre.


Dans l'Antiquité, on pensait qu'il existait une relation entre la beauté du corps et celle de l'âme : « ce qui est beau est bon ». Cela perdure un peu !
Mais chacun sait bien aussi que ce n'est pas vrai... Ni ça, ni son contraire... Bêtise ne rime pas forcément avec laideur !


La beauté, quel style !
Dans le domaine social pourtant, de nombreux exemples démontrent que la beauté et l'apparence restent primordiales. On a montré que les personnes avec un physique avantageux et une présentation agréable trouvaient plus facilement un emploi et réussissait mieux dans leur vie professionnelle. Bien entendu cela vaut aussi pour la vie sociale et particulièrement la vie amoureuse. Déjà, à l'école des différences sont nettement perceptibles qui s'accentuent encore au collège puis au lycée. Les leaders des groupes sont les plus « beaux », ceux qui ont le plus de prestance et un style vestimentaire adapté à l'environnement. A Die, le style « baba-cool » s'impose, alors que sur le Campus de Grenoble, les étudiants semblent tous avoir adopté le style fashion.
Que ce soit au niveau de l'évaluation scolaire, des entretiens d'embauche ou des promotions professionnelles, le « beau » influence de manière positive. En fait, tout au long de la vie le « beau » est favorisé et cela renforce encore sa prestance, son assurance et sa réussite.


En vérité, le fait que les personnes favorisées par la nature et ayant du goût pour s'apprêter réussissent mieux dans la vie n'est simplement le fait de leur physique qui les rendrait miraculeusement plus intelligents et compétents, mais bien à la qualité des relations avec autrui. Effectivement si les « beaux » réussissent mieux dans la vie que les autres, c'est parce qu'ils ont plus confiance en eux : le regard des autres et l'image positive qu'on leur renvoie d'eux-mêmes les stimule. Patricia Dussaugey, psychologue dioise que nous avons interrogée sur le sujet parle de l'autre comme d'un « miroir » sans lequel nous ne prêterions pas attention à notre apparence, sans lequel nous ne saurions pas « comment nous sommes ».


Apparences et réussite

Il existe une importante diversité dans la perception de la beauté, variant d'un pays à l'autre, d'une époque à l'autre, d'un individu à l'autre. Cette perception est propre à chacun, dépendant grandement de sa culture et de son histoire personnelle. En Europe, il semble qu'un consensus existe quant aux critères concernant, notamment la beauté du visage. Ceux-ci varient en fonction de l'âge de la personne, bien entendu. On trouve un enfant joufflu attirant, moins une jeune femme joufflue ! Toutefois, il semble selon certaines études sociologiques que les personnes au physique enfantin - petit nez et grands yeux – sont favorisées : à l'embauche, dans les relations amicales, amoureuses et sociales en général. On retrouve d'ailleurs cette esthétique « enfantine » dans les mangas. En effet, dans ces bandes dessinées japonaises, enfants et adultes arborent un physique enfantin.
Pour les hommes comme pour les femmes, un visage va être jugé plus attirant s'il comporte des pommettes saillantes et une grande bouche. En outre, il existe de subtiles nuances naturelles propres à chaque sexe : les femmes possèdent généralement des sourcils plus fins que les hommes ainsi qu'une mâchoire moins anguleuse.  
Le caractère symétrique d'un visage joue également un rôle très important. Des études éthologiques montrent que même dans le règne animal, les spécimens les plus symétriques sont favorisés lors de la compétition sexuelle. Cette tendance, consciente ou inconsciente, peut se retrouver chez l'Homme qui veut assurer sa progéniture. Pourtant peu de visages sont parfaitement symétriques, on prétend même qu'un visage parfaitement symétrique serait laid. Chacun possède ainsi une partie du visage plus « expressive » et cette asymétrie exprime d'ailleurs une certaine franchise attractive.
Une expérience menée par des scientifiques consistait à mélanger par l'intermédiaire de techniques informatiques modernes un très grand nombre de visages féminins et masculins. Plus le mélange était important, plus la personne était jugée attirante. On en a conclu que plus une personne rentrait dans la norme, plus elle plaisait.
Néanmoins, la plupart des femmes célèbres pour leur beauté sont rarement « ordinaires » : Ava Gardner, Sofia Loren, Jane Russel...


La beauté globale doit aussi beaucoup au soin que l'on porte à son apparence. En effet, celui-ci montre l'importance que l'on s'accorde et s'impose pour suggérer un statut social.